33

 

Lierre humide. Chênes. Chez elle. Elle ne savait pas comment, mais elle y était arrivée. Val-Hall.

Enfin, le parc de Val-Hall. N’empêche que sa peau fumait encore et qu’elle n’avait pas plus de force qu’un bébé, à cause de ses blessures. Avait-elle vraiment perdu autant de sang ? N’avait-elle réussi à glisser jusque-là que pour mourir à l’aube ?

Emma essaya de rouler sur le ventre pour se mettre à ramper. Impossible. L’effort lui troubla même la vue. Quand enfin sa vision s’éclaircit, un robuste inconnu, planté devant elle, la regardait de toute sa hauteur. Les sourcils froncés, il la souleva dans ses bras puis gagna la longue allée menant au manoir.

— Du calme, petite. Je sais qui tu es. Emmaline. Tes tantes étaient très inquiètes. (Une voix profonde. Un accent étranger. Européen. Chic.) Je me présente : Nikolaï Wroth.

Pourquoi ce nom rappelait-il quelque chose à Emma ? Les yeux plissés, elle considéra l’inconnu.

— Vous êtes un ami de la famille ?

Sa propre voix lui parut très faible.

— D’un membre de la famille, oui. (Il eut un rire bref, dénué de gaieté.) Je suis le mari de Myst.

— Myst est mariée ? (Voilà qui expliquait sa disparition… Mais non, impossible !) C’est marrant.

— Pas pour moi, j’en ai peur.

En arrivant au manoir, il se mit à crier :

— Annika ! Rappelle tes saletés de spectres et laisse-moi entrer !

Emma leva les yeux au ciel. Des lambeaux de tissu rouge tournoyaient autour de la demeure. On y distinguait parfois un visage émacié, squelettique, qui devenait d’une étrange beauté dès que l’on croisait son regard.

Les spectres n’acceptaient d’étendre leur protection sur Val-Hall que si chacune de ses occupantes leur remettait une mèche de ses cheveux. Ils s’en servaient pour confectionner une lourde tresse qui, parvenue à une certaine longueur, leur permettait de soumettre momentanément à leur volonté toutes les Valkyries concernées.

— Myst n’est pas encore rentrée, répliqua quelqu’un à l’intérieur, mais je suis sûre que tu le sais parfaitement. Si elle était là, vous seriez déjà en train de baiser comme des bêtes sur la pelouse.

— La nuit est jeune, on a le temps, riposta-t-il.

— Dis donc, monsieur le Vampire, tu n’as pas rendez-vous dans un centre de bronzage, ce soir ? reprit la voix.

Emma se raidit. Un vampire ? Il n’avait pourtant pas les yeux rouges.

— Vous m’avez suivie ? s’enquit-elle.

— Non, j’attendais Myst – elle est partie faire du shopping – quand je t’ai sentie glisser dans les bois.

Un vampire attendant le retour de Myst ? Marié à Myst ? Emma prit une brusque inspiration.

— Vous êtes le général, c’est ça ? Celui à qui il a fallu arracher Myst…

— C’est ce qu’on t’a raconté ? Je peux t’assurer que l’attirance était réciproque.

Puis il jeta un coup d’œil en arrière, dans l’espoir peut-être de faire revenir Myst par la seule force de sa volonté.

— Une femme a-t-elle vraiment besoin d’autant de lingerie… ? marmonna-t-il.

Des hurlements l’interrompirent. Annika arrivait en courant… et en jurant de le tuer à petit feu, très, très, très lentement.

À la grande surprise d’Emma, il demeura parfaitement détendu.

— Si tu continues à me menacer de me couper la tête, nous allons finir par nous disputer, Annika.

— Qu’est-ce que tu lui as fait, sale vampire ?

— Il semblerait que je l’aie blessée, couverte de sang et brûlée. Mais maintenant, curieusement, je te la ramène.

— Non, non, protesta Emma. Il m’a trouvée. Ne le tue pas.

Malgré ses paupières de plus en plus lourdes, elle vit Myst s’engager dans l’allée, où elle lâcha des sacs pleins de dentelle – et de cuir-en se précipitant vers eux, belle à couper le souffle. Les yeux rivés à la nouvelle venue, le vampire se tendit ; son cœur battit tel un tambour contre ses côtes.

Une brusque secousse, et Emma se retrouva dans les bras de sa mère adoptive.

— J’ai pris feu, expliqua-t-elle à Annika, mais j’ai tué Demestriu.

— Oui, oui, bien sûr. Chut, ma chérie, tu es malade.

Myst, qui les rejoignit à cet instant, posa un baiser sur le front de sa nièce.

— Il m’a trouvée, tu sais, lui dit Emma. Il ne faut pas le tuer.

— Je vais essayer de me retenir, ma puce, répondit sa tante d’un ton pincé.

Comme les autres Valkyries approchaient, la maisonnée tout entière ne tarda pas à se presser autour d’Emma. Lorsque Annika lui caressa le visage, elle sombra dans l’obscurité.

 

 

Lachlain se remit sur ses pieds puis s’effondra à demi contre le mur, sans lâcher son arme.

— Je n’aurais peut-être pas dû insister pour te faire torturer, déclara Ivo, mais je dois bien admettre que mes nuits ont été illuminées par la pensée que la chair te cuisait sur les os !

Il harcelait l’adversaire dans l’espoir de réveiller la bête en lui et de le priver d’intelligence.

— Je ne peux évidemment te laisser repartir sain et sauf. Un Lycae à la recherche de l’âme sœur… Tss, tss… Quelle ennuyeuse obstination. Tu continuerais à la poursuivre de tes assiduités alors qu’elle t’aurait oublié depuis longtemps. Parce qu’elle t’oubliera. Je l’obligerai à vider des proies de leur sang jusqu’à ce que tu ne sois plus qu’un lointain souvenir.

Oui, il cherchait à rendre Lachlain fou de rage. Les vampires essayaient toujours d’en appeler à la bête.

— Maintenant que je sais transformer les démons, j’emploierai la même méthode sur elle. Une vraie tueuse. Elle est faite pour ça.

Réveiller la bête… Pourquoi ne pas lui donner ce qu’il voulait ?

Ivo souriait, tellement sûr de lui.

— La prochaine fois qu’elle mordra quelqu’un, ce sera moi.

Lachlain lança son épée à la manière d’une dague, qui transperça le cou du sbire, puis se jeta sur Ivo avec un rugissement de fauve. Le vampire réagit exactement comme il s’y attendait, en levant son arme afin de lui porter le coup de grâce… mais il la frappa du poing pour la rabaisser. Elle s’enfonça dans sa cuisse, où il la laissa avec plaisir, car il libérait simultanément la bête. Craquements, grincements, bruits de déchirure… Lachlain vit s’achever dans un brouillard la longue existence sadique d’Ivo, dont les yeux rouges horrifiés se ternirent rapidement.

Le Lycae lâcha le cadavre avec un grognement de satisfaction, dégagea l’épée d’Ivo plantée dans sa cuisse, puis la sienne, fichée dans le cou du dernier de ses trois adversaires.

— Vidéo !

La main pressée contre sa plaie, le subordonné du défunt se précipita vers le petit ordinateur installé dans la pièce voisine. Lorsqu’il tendit un DVD à Lachlain, celui-ci l’en remercia par une mort rapide. Pendant ce temps, d’autres vampires s’étaient agglutinés à la porte, mais Lothaire, un vieil ennemi, posté au premier rang, leur bloquait le chemin. Depuis combien de temps était-il là, à les empêcher d’entrer ?

Le temps de permettre à l’intrus de massacrer Ivo, probablement.

— Tu es au courant, pour elle ? demanda Lachlain.

Petit hochement de tête.

Il plissa les yeux. Lothaire ne monterait jamais sur le trône, car il n’était pas de sang royal. À sa connaissance, seul Kristoff pouvait maintenant prétendre à la couronne… à moins que quelqu’un d’autre ne se lance à la recherche d’Emma.

Il montra les dents.

— Si tu les imites, tu connaîtras le même sort qu’eux. Je serai sans pitié avec quiconque s’en prendra à elle.

Pour toute réponse, Lothaire écarta légèrement les lèvres afin de dévoiler ses crocs.

Non, il ne s’intéressait pas à Emma. La Horde allait donc accepter l’autorité du rebelle ou plonger dans le chaos.

Lachlain mourait d’envie de tuer tous ces vampires, jusqu’au dernier, mais encore plus de rejoindre son âme sœur.

Il se jeta dehors au soleil. Jamais il n’avait été plus heureux de voir un ciel sans nuage.

 

 

Emma connaissait le prix à payer.

Elle avait rêvé que des vivants lui déversaient leur sang dans la gorge, qu’elle vomissait aussitôt. À son réveil vinrent d’abord les verres pleins à ras bord, puis les poignets blessés qu’on pressa contre ses lèvres, mais elle se refusa à boire directement à quiconque, de crainte de se trouver chargée de souvenirs supplémentaires.

L’inquiétude enflait dans la voix d’Annika, que Myst s’efforçait de calmer.

— On trouvera bien une solution. Va voir le Lycae, à la cave. Peut-être en sait-il plus que nous.

Quelques minutes plus tard, Annika s’engouffra de nouveau dans la chambre de la blessée, qui parvint à entrouvrir les yeux. Derrière sa mère adoptive s’avançait un homme chancelant, les mains menottées dans le dos, lui-même suivi de Lucia et Regina, l’air grave, l’épée au clair.

L’inconnu était grand, les joues foncées par une barbe naissante, les yeux ambrés, entourés de fines rides de rire. Il ressemblait tellement à Lachlain qu’Emma en eut mal. Garreth.

Allait-il la détester, parce qu’elle était la compagne de son frère ?

— Est-ce vraiment d’elle que Lachlain devrait se venger ? demanda Annika en montrant sa pupille. Les vampires nous ont fait du mal à tous, mais ce chien s’en prend à notre protégée, qui est l’innocence et la gentillesse personnifiées ! (Elle lui découvrit la jambe.) Regarde ! Les plaies ne se referment pas ! Que lui a-t-il fait ? Tu vas parler ou…

— Seigneur, murmura-t-il. C’est… Non, ce n’est pas possible. (Il s’approcha du lit, mais Regina tira brutalement sur ses fers.) Laisse-moi avancer, gronda-t-il par-dessus son épaule. Sinon, pas question que je vous aide. (Sa voix se fit menaçante.) Soignez-la.

— On a tout essayé !

— Pourquoi refuse-t-elle de boire ?… Mais oui, je vous entends chuchoter dans sa chambre. Je sais de qui il s’agit, je connais sa nature. Ce que je me demande, c’est comment elle peut bien être la compagne de mon frère.

— Emma ne sera jamais la compagne d’un Lycae !

— Il l’a pourtant faite sienne, je peux vous l’assurer.

Emma ouvrit les yeux afin d’expliquer…

Annika frappa le prisonnier, l’envoyant rouler à terre.

— Elle porte sa marque, cracha-t-il. Il viendra la chercher. Ce qui m’étonne, c’est qu’il ne soit pas déjà là.

La Valkyrie leva de nouveau la main sur lui, mais Emma ne voulait pas qu’elle fasse de mal à Garreth.

— Annika, non…

— Obligez-la à boire, lança-t-il.

— Tu crois vraiment qu’on n’y a pas pensé ? Elle vomit tout ce qu’on lui donne.

— Essayez avec un autre sang. Prenez le mien.

— Pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire ?

— C’est ma reine. Je suis prêt à mourir pour elle.

Sa voix était si forte, si semblable à celle de Lachlain.

— Jamais. Jamais elle ne sera ta reine, siffla Annika, tremblante d’émotion.

— Laissez-la boire à mes veines, nom de Dieu !

— Elle ne peut pas !

La chef de maisonnée semblait sur le point de fondre en larmes… ce qui ne lui était arrivé qu’une fois dans toute sa vie. Emma aurait bien voulu boire, elle n’avait aucune envie de mourir, mais ses crocs avaient apparemment rétréci au point de devenir inutilisables. Peut-être Demestriu l’avait-il empoisonnée avec ses griffes, car elle était dans un tel état de faiblesse qu’elle avait du mal à garder les yeux ouverts.

— Laissez-moi parler au vampire dont j’ai senti la présence dans cette maison, exigea Garreth.

— Il ne sait pas…

— Laissez-moi lui parler ! rugit-il.

Annika ordonna à Lucia d’aller chercher Myst et Wroth. Quelques secondes plus tard, l’accent reconnaissable du second parvint aux oreilles d’Emma, dont les paupières se soulevèrent en papillotant. Elle vit comme au ralenti Garreth échapper à Regina pour se jeter sur l’arrivant. Ils s’empoignèrent mutuellement à la gorge.

— Soigne-la, vampire, cracha Garreth.

— Ne t’avise pas de me refaire un coup pareil, Lycae, répondit Wroth tout bas, avec un calme étrange.

Pas de menace. Juste ces quelques mots. Il était visiblement persuadé que la simple idée de son exaspération allait terrifier son interlocuteur.

Garreth le lâcha. Wroth l’imita.

— Soigne-la.

— Je ne connais pas les antiques traditions aussi bien que certains de mes pairs, mais si vous acceptez d’en payer le prix, je veux bien aller trouver Kristoff et lui demander de me faire cette faveur.

— Je le paierai… (Annika s’interrompit.) Seulement, Kristoff sera au courant de son existence, désormais.

— Mais enfin, le vampire a bien dû l’en informer ? ironisa Garreth.

— Nikolaï défend nos intérêts, intervint Myst, sans convaincre ni sa sœur ni le captif, cela se voyait.

Celui-ci se tourna vers Annika.

— Si nos deux clans étaient alliés, la Horde ne nous battrait pas à plate couture comme à la dernière Accession. Unissons nos forces, nous empêcherons les vampires de s’en prendre à elle.

— Je vous conseille d’attendre mon départ pour comploter contre les miens, avertit Wroth d’un ton glacé.

Toujours pas de menace.

— Kristoff est de mon sang, et j’ai tué Demestriu, murmura Emma.

Myst vint se poster à son chevet pour lui caresser les cheveux.

— Je sais, ma puce. Tu nous l’as déjà dit.

— Quel est ton prix ? demanda Garreth à Wroth.

— Je veux que mon union avec Myst soit universellement reconnue.

Silence.

Un éclair déchira le ciel au-dessus du manoir, tandis qu’Annika baissait la tête.

Myst la considéra, bouche bée. Le vampire glissa juste devant sa fiancée, la prit très doucement par la nuque et la regarda dans les yeux. Elle lui rendit son regard, le souffle coupé, émerveillée.

Ils disparurent.

 

 

Lachlain tripotait le lecteur DVD.

Son intendant avait chargé le disque dans la machine avant de lui expliquer comment le regarder, mais ses mains tremblaient trop.

Il n’arrivait pas à imaginer ce qu’Emma avait enduré. Aucun Lycae, même le plus puissant, n’était jamais revenu du repaire de Demestriu… alors qu’elle l’avait vaincu.

Lachlain avait besoin de voir la scène, mais il redoutait ce qu’il allait apprendre. Il avait besoin de connaître les raisons pour lesquelles Emma n’était pas rentrée chez eux. À Kinevane. Lorsque enfin il avait rejoint Hermann, il lui avait fait appeler le château.

Elle ne s’y trouvait pas. Elle avait glissé… jusque chez elle.

Le lecteur se mit enfin en route. Au début de la vidéo, Emma était seule dans le bureau… juste avant que Demestriu n’y apparaisse.

Lachlain assista à leur conversation, le cœur plus serré à chaque réplique du vampire, alors qu’Emma se conduisait comme si de rien n’était. Mais, malgré sa désinvolture de façade, elle était vulnérable.

Quant à Demestriu, il était toujours aussi monstrueux que dans les souvenirs de son ancien prisonnier. Pourtant, au moment où Emma déclarait que sa mère ne lui avait jamais parlé de lui, on aurait juré qu’il se sentait blessé – une infime fraction de seconde.

— C’est la bague de Lachlain, dit-elle soudain.

Comment peut-elle bien savoir une chose pareille ?

Le maître des lieux fronça les sourcils puis baissa les yeux vers sa main. Il s’écoula un moment avant qu’il réponde :

— Peut-être, oui.

Lachlain s’était longtemps représenté le roi de la Horde perdu dans la contemplation quasi continuelle de la chevalière, heureux de s’en être emparé, ravi de posséder un souvenir qui lui rappelait en permanence le calvaire de son prisonnier.

Alors que Demestriu la remarquait à peine.

Puis vint la révélation la plus horrible.

Emma avait rêvé les souvenirs de son amant. Le feu. Voilà ce qu’elle avait enduré la nuit où elle s’était réveillée torturée par la souffrance. Avec le recul, il comprenait qu’elle avait ressenti ses tourments à lui.

Il ferma un instant les yeux, horrifié. Il aurait préféré mourir que lui imposer ce calvaire.

Pendant le combat, ses muscles se contractèrent sous l’effet du stress, alors qu’il savait pertinemment qui allait en sortir vainqueur. Ce qu’il ignorait jusqu’ici, c’était que son âme sœur avait été grièvement blessée. Son inquiétude s’intensifia au point de le ronger, obsédante.

Au moment où Emma plongea le pied dans la mare de sang, elle eut un mouvement de recul, comme devant les flots glacés de l’océan. Elle avait beau brandir son épée, les larmes ruisselaient sur ses joues et ses mains tremblaient. Lachlain regrettait amèrement de ne pas lui avoir évité cette peur, cette souffrance.

Puis il vit les yeux de Demestriu changer pendant qu’il se vidait de son sang. Il semblait… soulagé de mourir.

Les traits tirés par l’angoisse, mais toujours aussi belle, elle s’agenouilla près de lui. Elle aurait tellement voulu ne pas avoir à le tuer. À un moment, pourtant – un moment dont Lachlain eut parfaitement conscience – elle comprit qu’il fallait le faire. Et elle le fit, alors que sa nature s’y opposait. Seule, toute seule, la courageuse petite Emmaline tua son propre père puis, quelques secondes plus tard, toisa Ivo… mais, heureusement, le laissa au Lycae qui n’allait pas tarder à arriver.

Enfin, elle se jeta sous le soleil…

Lachlain était franchement impressionné par sa bravoure, mais il savait qu’elle allait la payer très cher.

Morsure Secrète
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